Mathilde Huguin, docteure en Sciences du Language
Fille de libraires, Mathilde Huguin a pour la langue française une attirance historique et assumée. Suite à un cours dispensé par Stéphanie Lignon, maître de conférences et enseignante en deuxième année de faculté, le penchant s’est mué en évidence. "Elle a débuté son cours de morphophonologie par l’interrogation suivante : « Pourquoi les termes plombier, chauffagiste et zingueur, utilisent-ils trois suffixes différents ? De quoi est-ce révélateur ?" : "J’ai trouvé cela fascinant".
Aujourd'hui, membre associée à l’ATILF (Université de Lorraine/CNRS), morphologue et ingénieure de recherche au CNRS, Mathilde Huguin passe presque tout son temps à étudier la manière dont la langue française se construit, évolue. Autrice d’une thèse intitulée "Analyse morphologique des mots construits sur base de noms de personnalités politiques", elle a fait de l’analyse des mots construits sur des noms de personnalités politiques sa spécialité. "Macronie, fillonnade, zemmouristan, cahuzaquer… Les mots construits issus de noms de personnalités politiques sont incroyablement nombreux, et leur étude peut nous apprendre beaucoup sur le sens du nom propre utilisé. Avec quelle intention sont-ils diffusés ? Quelle partie du nom propre utilisent-ils ? Ces mots sont doublement intéressants, en ce qu’ils s’inscrivent dans le temps de manière particulière. Pour être compris, ils doivent être rattachés à un ou des événements précis".
Actuellement Mathilde Huguin travaille, avec un docteur en linguistique spécialiste en Traitement Automatique des Langues, à élaborer un outil capable de prédire, en fonction du contexte, quel mot va apparaître. En tant qu’ingénieure de recherche, elle œuvre, avec l’équipe Texte & Corpus – Istex, à valoriser un réservoir de 27 millions de documents scientifiques produits dans toutes les langues.